Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 136
Section A
IndividuNom/Matricule : Francis Xavier HARKINS / O-735310
Adresse : South Ozone Park, Long Island, New York, USA
Naissance/Décès :le 15 janvier 1921 dans l'Etat de New York / le 2 janvier 2001, Virginie
Unité : USAAF 390 Bomber Group 569 Bomber Squadron
Grade : 1 Lt
Fonction : Bombardier
Zone d'atterrissage :près de Bourbourg, Pas-de-Calais, France
Harkins en 1942
AvionType : Boeing B-17F-DL Flying Fortress
N° série : 42-3306
Immatriculation/Nom : CC-L / "Phoenix"
Abattu le : 15 août 1943 par collision en vol avec le B-17 n° 42-30320 du même Squadron, au retour d’une mission sur Lille/Vendeville
Localisation : écrasé près de Sainte-Marie-Kerk, ± 20 km à l'Est de Calais, Pas-de-Calais
Forteresse volante B17
Action de ComèteRéception : A Paris par Jacques Legrelle
Interrogatoire : BALFE
Hébergeurs : BALFE, BEAUVAIS, MENDIARA
Guides nationaux : BALFE, NOTHOMB
Guide international :
Durée : 5 semaines
Passage des Pyrénées : le 19 septembre 1943

I































Informations complémentaires : 
Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 258. Escape & Evasion Report # E&E 115.
La formation quite la base du 390e groupe à Framlingham, prenant le cap pour le Nord de la France. A un certain moment, 42-3306 entre en collision avec un autre B-17F, 42-30320, et ne peut maintenir son vol et s'écrase, tandis que l'autre appareil rentre en Angleterre. Ce qui suit est une traduction et résumé adapté d’un texte de Francis Harkins (voir cette page) ajouté de quelques détails.
Il atterrit dans un champ. Un adolescent l'aide à se défaire de son équipement et cache le parachute dans une meule de foin. Vers 18 ou 19 heures, le jeune homme l’emmena à travers bois vers une ferme. Des soldats allemands arrivèrent peu de temps après et fouillèrent les lieux. Heureusement, ils ne le trouvèrent pas et s’en allèrent. On lui donna une vieille chemise, un pantalon de golf, une veste étriquée et des chaussures usagées. Il accompagna le jeune homme vers un café où de la bière, du pain et du fromage calmèrent sa faim. Après une nuit passée dans une autre grange abandonnée, le garçon revint pour lui apporter de la nourriture, le prévenant de rester coi jusqu’à la soirée. Le soir, le garçon revint et, après un passage par la première ferme pour manger, il fut mené vers une autre ferme où il passa la nuit.
Le 17 au matin, un nouveau guide arriva et l’emmena en camion jusqu’à Bourbourg. C’était un employé de la SNCF (« Rail Français Nord ») et il avait une fausse carte d’identité prête à recevoir l’une des photos d’évasion de l’équipement de survie de l’aviateur. A Bourbourg, ils prirent un train de marchandises à destination de Dunkerque. Parlant un très bon anglais, l’homme attendit avec lui le train pour Lille et prit congé en lui disant que quelqu’un l’attendrait sur le quai à Armentières. Arrivé à destination, le nouveau contact l’amena à la maison d’un couple chez qui il retrouva son co-pilote, William Middledorf, qui lui apprit que le pilote Lawrence avait été arrêté, que le navigateur Joseph A. Birdwell et l’ingénieur de vol/mitrailleur Walter J. Sentkowski Jr., se cachaient dans les faubourgs de la ville. Les 5 autres aviateurs avaient été tués des suites de la collision qui avait touché les compartiments arrière où ils se trouvaient dans l’appareil. (Il s'agit du radio S/Sgt William C. Murphy, du mitrailleur ventral S/Sgt Bernard E. Stevens, du mitrailleur de flanc gauche S/Sgt Patrick Caron, de celui de droite S/Sgt Romaine M. Fiffe et du mitrailleur arrière S/Sgt Peter Mrjenovich.)
Harkins resta 17 jours chez ce couple avant de poursuivre sa route vers Paris.
Middledorf partit 10 jours après l’arrivée de Harkins, le réseau ayant décidé de les faire partir par des chemins différents. Début septembre, Harkins prit le train de Lille jusque Amiens en compagnie de l’épouse d’un pharmacien local. Elle le remit à un autre réseau qui l’installa dans une maison sûre (apparemment une maison de passe) où il devait attendre le départ prévu le lendemain pour Paris.
Harkins a été logé par John Patrick BALFE de l'Hôtel de France à Hornoy-le-Bourg, en Somme. Il est guidé par son fils Joseph Patrick (22 ans) à Amiens, Rue Blin de Bourdon chez le coiffeur Jean LEMATTRE.
A Amiens, après un interrogatoire serré, il fut pris en charge par ce qui lui parut être un chef, qui lui prépara de nouveaux papiers et arrangea sa planque suivante, l’appartement de l’Abbé R. BEAUVAIS, de sa mère et sa sœur, au quatrième étage d'un immeuble triangulaire à Paris, au 1 Rue de Montalembert, Paris VIIe. Il y resta durant six jours et put prendre des bains et changer de vêtements.*

cache-harkins
Extrait Revue de l'Aviation Française "Icare" N° 151-T.4

Vers six heures un soir le 15 septembre, un raid de l’US Air Force ayant pour cible les usines Renault à proximité entraîna la démolition d’une partie du bâtiment dans lequel ils se trouvaient. Peu après l’accalmie, "Franco" (Jean-François NOTHOMB) apparut, en avance sur l’horaire, venu chercher Harkins de manière à éviter que le bâtiment, qui abritait des officiers allemands et leur famille et dont beaucoup furent blessés, n’attire trop de visiteurs indésirables qui auraient pu le découvrir. NOTHOMB et Harkins quittèrent en hâte le bâtiment via les sous-sols et se joignirent à un aviateur canadien (O’Leary, fiche A135) et la femme, qui les avait escortés d’Amiens à Paris. La femme avait des tickets de 1ère classe pour Bordeaux ainsi que des documents leur permettant de voyager en France méridionale. Harkins, NOTHOMB et le Canadien prirent le train vers 20h00, montant dans des compartiments séparés. Après un contrôle sans histoire à Bordeaux, Harkins retrouva NOTHOMB et le Canadien, la femme les quittant avant qu’ils ne prennent le train pour Dax.
Arrivés là tôt le lendemain, on leur procura des vélos pour qu’ils puissent rejoindre Bayonne. Sur la route, NOTHOMB rencontra un autre cycliste, qui se joignit à eux, fermant la marche, chacun roulant à une certaine distance des autres. Lors d’une pause pour s’alimenter, Harkins apprit que le nouveau venu était un agent belge sur le chemin de retour vers l’Angleterre après environ six mois d’activités d’espionnage en Hollande, Belgique et France (probablement Philippe de Liedekerke, fiche B053). C’était lui qui devait accompagner Harkins et le Canadien et leur faire passer la frontière espagnole.
Longeant Bayonne et Biarritz, ils arrivèrent à proximité de Saint-Jean-de-Luz où NOTHOMB, s’adressant ouvertement aux sentinelles allemandes gardant un pont, détourna ainsi leur attention, ce qui permit aux autres de ne pas se faire contrôler en passant. En rigolant, Jean-François NOTHOMB les rejoignit un peu plus loin et tous pédalèrent en direction de Saint-Jean-de-Luz. Avant d’y arriver, une cycliste les rejoignit. C’était une jolie brunette qui mena le groupe vers une grande ferme au sud de la ville.  Etudiante en art, surprise en France à l'entrée en guerre des Etats-Unis, elle fut probablement recrutée sur place par des agents pour aidr le réseu d'évasion. Après le dîner, elle quitta NOTHOMB et les autres afin de préparer le passage de la frontière la nuit suivante avec des guides basques.
Il loge en fait entretemps à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA, et la brunette doit être Denise HOUGET.
Le lendemain au crépuscule, les quatre hommes marchèrent vers une petite ferme proche de la frontière où ils rencontrèrent leurs guides. Jean-François NOTHOMB discuta avec ceux-ci et avec le belge du programme et des détails de leur marche de nuit vers l’Espagne. NOTHOMB quitta le groupe vers 22h00 pour retourner vers Saint-Jean-de-Luz.
Réconfortés par de généreuses rasades d’un cocktail de lait de chèvre et de cognac, les 2 aviateurs, l’agent belge et leurs guides se mirent en route. Traversant collines et rivières, ils arrivèrent enfin en territoire espagnol, espérant ne pas rencontrer de gardes sur leur route. A l’aube, ils furent remarqués par un garde espagnol, ce qui fit s’enfuir les guides, sous les coups de feu dirigés vers le groupe. Tout le monde se lança à la suite des guides dans une escapade folle. Epuisés mais sains et saufs, ils arrivèrent finalement au but : une ferme de montagne près d’Irun. Après une soirée arrosée de vin et quelques heures de sommeil, les trois évadés montèrent à bord d’une charrette tirée par un cheval qui les amena à Irun.
Le consulat britannique de San Sebastian s’occupa de la nourriture et du logement jusqu’à leur départ vers Gibraltar, en route vers l’Angleterre.
Francis Harkins et son épouse Doris revinrent en Europe en 1990 et rencontrèrent notamment l’Abbé BEAUVAIS, Jacques le GRELLE et Jean-François NOTHOMB. Francis Harkins est enterré au Cimetière d’Arlington, en Virginie.

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