Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 139
Section A
IndividuNom/Matricule : Archibald Lawson ROBERTSON / O-798030
Naissance/Décès : Alabama, 12 sept. 1923 / décédé le 31 juillet 1972
Adresse : 3328 West Magnolia Avenue, Auburn, Alabama, USA
Unité : 100 Bomber Group 350 Bomber Squadron
Grade : 2 Lt
Fonction : copilote
Zone d'atterrissage : Entre Dieppe et Fécamp, Entre Saint-Riquier-és-Plains et Ingouville,  Normandie,  France.

Robertson sur ses faux papiers Comète en 1943
AvionType : Boeing B-17 F Flying Fortress
N° série : 42-30050
Immatriculation/Nom : "Judy-E" - LN-X
Abattu le : 10 juillet 1943 lors d'une mission sur Le Bourget Aérodrome (Paris)
Localisation : atterrissage forcé près de Sainte-Colombe/St Valéry en Caux, , Seine Maritime, France
Forteresse Volante B-17
Action de ComèteRéception :
Interrogatoire :
Hébergeurs : MENDIARA
Guides nationaux :
Guide international : NOTHOMB et ROGER
Durée : deux mois et demi
Passage des Pyrénées : le 22 septembre 1943
Informations complémentaires : MACR 268. Escape & Evasion Report E&E 116.
Il atterrit dans un champ de blé vers 22 heures et se cache immédiatement dans des fourrés. Le lendemain, il est capturé par une sentinelle allemande dont il se débarrasse. Il reçoit à manger d'un fermier et est caché deux jours dans une sorte de camp de prisonniers qui travaillent aux champs. Le 12 juillet, ils se rendent à Paris par le train, qu'ils ratent. Ils passent la nuit à l'étage d'une maison qui sert de mess aux gardiens. Il achète les tickets avec l'argent de sa trousse d'évasion. A Rouen, ils prennent une correspondance. Son guide disparaît et Robertson arrive seul à la gare Saint-Lazare. Personne ne sachant l'aider, il sort de Paris vers Orléans. Il est nourri et dort dans une ferme.
Finalement, une fermière lui soigne ses cloches et le met en contact avec deux hommes qui le conduisent en camion dans un village. Il y reste du 15 juillet au 04 septembre. Le reste de son évasion est organisée.
Voir les évasions de Kinsella (fiche A138) et Hodge (fiche A137) depuis Paris, qu'il rejoint à Bordeaux.
C'est la 57e traversée de Comète et la première par l'itinéraire de Larressore, seuls avec les guides de Pierre ELHORGA : Pierre ETCHEGOYEN, Baptiste et Pierre AGUERE et Jean ELIZONDO.
Il arrive à Gibraltar le 01 octobre 1943 et débarque en GB le 05 octobre 1943, probablement avec Kinsella et Hodge.
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Rapport de perte d'équipage MACR 268. Rapport d'évasion E&E 116, disponible en ligne.
L’équipage du B-17 se compose de 1st Lt Charles L. Duncan, pilote ; 2nd Lt Archibald L. Robertson, copilote ; 2nd Lt Oliver M. Chiesl, navigateur ; 1st Lt William H. Forbes Jr, bombardier; T/Sgt Ernest De Los Santos, mécanicien/mitrailleur dorsal ; Sgt Edmund A. Oliver, opérateur radio (n’était pas membre habituel de l’équipage du Lt Duncan et remplaçait pour cette mission le T/Sgt John K. Beard) ; S/Sgt Gene F. Frank, mitrailleur ventral ; S/Sgt Bernard L. Hanover, assistant mécanicien ; Sgt Parrish Reynolds, mitrailleur (remplaçant ce jour-là le Sgt Clifford Starkey) ; S/Sgt William D. Whitley, mitrailleur arrière.
L'appareil est parti de Thorpe Abbots vers 07h00, heure anglaise. Vu la forte couverture nuageuse au-dessus du Bourget, les bombes ne sont pas larguées et le pilote dirige l’appareil vers une cible d’opportunité. Ils sont alors attaqués par des FW190 "Nez-Jaunes" et le moteur n°1 prend feu et est mis en drapeau. Volant au sud du Havre, le B-17 perd de l’altitude et, après un piqué vers les nuages, c’est Robertson qui donne l'ordre de sauter à 15.000 pieds (5.000 mètres). Le mécanicien avait déjà évacué l’appareil après avoir largué les bombes. Robertson pense qu’il ne reste que le pilote Charles L. Duncan à bord quand il saute à son tour à environ 1000m d’altitude, juste derrière le bombardier Forbes.
Seuls Archibald Robertson et le mitrailleur Parrish Reynolds parviendront à s’évader. Reynolds est caché dans la région de Longueville-sur-Scie et sera libéré par l’arrivée de troupes américaines à l’été 1944 – Rapport d’évasion E&E 1559 (sa pierre tombale à Nicholasville, Kentucky, indique Parrish John Reynolds 1922-1993). Les huit autres membres de l’équipage seront faits prisonniers.

Le texte qui suit a été établi sur base du texte manuscrit - les notes au vol de l’intervieweur - du rapport E&E 116 de Robertson, dont la partie dactylographiée ne reprend pas tous les détails. Nous l’avons complété par des données trouvées, notamment dans les archives de Comète, et qui permettent par déduction de mettre un nom sur des personnes décrites, sans identification, dans l’E&E.
Robertson atterrit dans un champ de blé vers 10h00 et se débarrasse immédiatement de son équipement de vol. Il va se réfugier dans des fourrés où il cache son parachute et sa Mae West. Il aperçoit plusieurs paysans, vraisemblablement à sa recherche. Après 15 minutes, des Allemands arrivent là aussi. Leurs recherches durent environ ½ heure et sont infructueuses. Après 5 heures de repos, Robertson se met en route et arrive près d’une voie de chemin de fer (reliant Saint-Valéry-en-Caux à Motteville et passant par Néville)
Plutôt que de traverser les voies à hauteur de l’endroit où une "lane crossed a railroad track" - un chemin traversait les voies (ceci pourrait être l’actuelle Grand Rue-D105, à moins d’1 km au NO de Néville…) - il rampe vers le sommet du remblai à quelque distance et tombe nez à nez avec une sentinelle allemande. Le soldat, pointant son arme, lui fait signe de le rejoindre pour qu’ils puissent suivre la voie de chemin de fer. En essayant d’atteindre la voie, Robertson commence à glisser dans la terre meuble du remblai. Il entend l’Allemand glisser également de son côté et, le voyant à terre, lui donner un coup de pied sous le menton. Voyant l’Allemand inconscient, Robertson s’éloigne rapidement. Ayant aperçu une rigole d’écoulement recouverte par d’épais buissons, il traîne alors le soldat jusqu’à ce fossé, supposant par la suite qu'il se sera noyé dans l’eau au fond de la rigole. Il court alors pendant près de 2 km jusqu’à un petit bois, puis va se reposer dans une meule de foin dans un champ. Vers 23h00, se met à marcher et arrive à une ferme près d’une petite ville (Néville) où le fermier lui donne à manger et lui fait comprendre qu’il doit partir dès son repas terminé.
Alors Robertson retourne vers la meule, aperçoit quelqu’un assis sur un talus et, méfiant, décide plutôt de suivre une route. Alors qu’il est près de dépasser un homme qui lui demande s’il est Anglais. Robertson lui montre alors son uniforme recouvert par sa combinaison de vol. Le fermier le mène vers le petit bois, lui retire sa combinaison de vol, coupe les sangles d’épaule et les insignes de sa veste et lui dit d’attendre là son retour. Peu de temps après, ils sont rejoints par deux amis du fermier. Ils marchent vers Néville. Les deux hommes sont d’anciens prisonniers de guerre rapatriés en France pour du travail obligatoire dans les champs. Le groupe arrive à la porte d’une sorte de camp, les deux Français font semblant d’être ivres, l’un d’eux montre son sauf-conduit, puis s’arrange pour le passer à Robertson. Celui-ci le montre en vitesse et suit les autres vers leur cabane. Ils vont essayer de le faire rejoindre Paris pour obtenir de faux papiers. Il passe deux nuits dans ce camp et au matin du 12 juillet, avant 06h00, alors qu’ils se préparent à aller prendre un train pour Paris, un garde ne les laisse pas sortir. Deux heures plus tard, ils parviennent à quitter le camp sans être inquiétés.
Ayant raté le train pour Paris, Robertson est mené vers une maison à environ 2 km du camp (vraisemblablement toujours à Néville). Le rez-de-chaussée est un mess pour officiers allemands, mais les étages appartenaient à des amis. Le 13 juillet au matin, vêtu de pantalons bleus trop grands pour lui, de sa chemise d’officier et d’un blouson de sport et muni de ses plaquettes d’identification, d’une bouteille d’eau, d’un de ses insignes et d’une boussole, il accompagne l’un des deux hommes vers la gare où les tickets sont payés au moyen de billets provenant de son kit d’évasion. Arrivés à Rouen, ils changent de train et montent dans celui de Paris. Avant le départ, son guide le quitte. Robertson voyage alors seul vers Paris, ne disposant plus que de 400 francs sur les 2000 de son kit.
Arrivé à la gare Saint-Lazare vers 11 heures, il en sort sans problème et se met à la recherche d’un magasin de photo, car son kit d’évasion ne contenait pas de clichés pour la confection de faux papiers. Le seul magasin qu’il trouve est plein de soldats allemands. Vers 14h00, il rentre dans un café (un "American bar") où le barman, originaire de Corse, lui sert un verre, l’air intrigué. Robertson lui déclare qui il est. Le barman parle un peu l’anglais. Bien que souhaitant l’aider, ils ont peur et lui conseillent de quitter Paris au plus tôt. Ils lui disent qu’il se trouve du côté Nord de la ville et lui indiquent en gros la route à suivre. Sa boussole à la main, Robertson commence alors à marcher vers le Sud. Ayant trouvé la route vers Orléans, il se trouve encore en banlieue parisienne lorsqu’un policier âgé lui demande ses papiers. Il laisse partir l’aviateur qui lui parle anglais.
Fin d’après-midi du 13 juillet, après une marche d’environ 6 km, il quitte la route et une petite ferme lui donne à manger et  une couchette de foin. Le lendemain 14, il marche le long de la route et mange les tartines reçues avant son départ pour Paris, remplissant régulièrement sa bouteille d’eau. Dans l’après-midi, il s’adresse à plusieurs fermes où la seule aide qu’il trouve est de la nourriture. Finalement, une fermière, constatant ses ampoules au pied, lui dit qu’il peut se cacher dans l’étable. Il s’y endort vers 17h00 et est réveillé vers 20h00 par une autre dame qui lui apporte à manger et soigne ses ampoules. Le 15 juillet au matin, la même dame vient le réveiller et deux hommes lui demandent de s’habiller et de les suivre. Il est  mené en camion dans un petit village (Etréchy) où il reste caché du 15 juillet jusqu’au 4 septembre chez Pierre "Coute", qui est en fait Pierre COUTTE, marchand de vin.
Chez COUTTE, Robertson peut sortir chaque soir à partir de 22h30. Un jour, à l’annonce d’une perquisition par les Allemands, il doit quitter la maison pour celle d’un ami de COUTTE, dont Robertson apprend qu’il était employé par la Luftwaffe (vraisemblablement, au travail forcé sur un aérodrome ?). Robertson est avisé que ses Helpers vont tenter de le faire regagner l’Angleterre par avion, COUTTE connaissant apparemment un B.I.O. (British Intelligence Officer) à Caen. Huit jours après cette annonce, une jeune dame prénommée Jane vient lui expliquer en anglais ce qui se prépare. (Il s’agit de Jane VIGREUX d’Etrechy).  Robertson mentionne une note indiquant qu’un jour il se retrouverait en Angleterre et qu’il devait être patient.

Le 4 septembre, un homme travaillant à Etampes, arrive de Paris et le guide en train vers la capitale. Robertson indique qu’il est resté dans une maison à Paris jusqu’au 7, jour où le chef d’une organisation vient le voir. Il le décrit comme étant Belge, parlant l’anglais avec accent, coiffure blonde peignée en arrière, moustache, marchant en boitillant. (Il s’agit de Jacques LE GRELLE, chef de Comète à Paris.) LE GRELLE lui dit qu’il va être transféré vers une autre maison dans Paris. Robertson suit alors une dame "très petite, 1m60, cheveux noirs, 38 ans". (Cette description nous permet l’identification de Fernande ONIMUS, née Phal, l’une des 3 adjointes de LE GRELLE chargées de l’organisation du logement et du welfare des évadés en région parisienne. Fernande, qui a aidé/guidé vers et dans Paris plus d’une soixantaine d’aviateurs, a été arrêtée le 18 janvier 1944. Déportée en Allemagne, elle est morte le 23-24 avril 1945 dans le camp de Ravensbrück).
Fernande guide Robertson vers un parc où ils rencontrent un gardien, membre de l’organisation et auquel manque un bras. Arrive alors à vélo un jeune homme, "marié, 30 ans, cheveux blonds ondulés, une cicatrice rouge sur le nez", qui mène Robertson à son appartement. Robertson mentionne "Robert" et "Georgette" et leur fille de 9 ans. Il indique être resté là jusqu’au dimanche 19 septembre. Dans son rapport, il est fait mention de deux autres évadés, Adrian Van Bemmel et Roy Hodge. Van Bemmel (qui ne mentionne pas Hodge dans son rapport E&E) rapporte qu’il est passé chez un "Albert, environ 30 ans, par son flat au 3e étage à la Rue Oudinot, où il habite avec son épouse Georgette et leur fille de 'huit' ans, au 3e étage d’un immeuble à la Rue Oudinot"… Hodge, quant à lui, ne parle pas de son passage dans cet appartement et nous n’avons pu identifier ce couple. Robertson indique que Van Bemmel et Hodge étaient arrivés chez le couple le mardi (donc le 14 septembre) et en étaient sortis le même jour dans la soirée.
Robertson déclare que "quelques jours après, Robert" a amené à l’appartement un Flight Sergeant de la RAF ainsi qu’un aviateur canadien (ce dernier est Edward Bridge). Il ajoute qu’un jour, le frère de "Robert" est passé par l’appartement pour signaler que la police allait y passer pour vérifier leurs soupçons quant à une activité de marché noir en tabacs. Dès lors, Robertson, qui a reçu des vêtements civils chez "Robert" est déménagé chez la mère de celui-ci et, le 19 septembre, "Georgette" le mène à une dame de petite taille dans un parc. Il n’est pas spécifié dans l’E&E de qui il s’agit, la phrase suivante disant que Robertson rencontre à ce moment à nouveau le chef de l’organisation (LE GRELLE), qui était accompagné de Roy Hodge. Les deux hommes doivent suivre une dame, "grande, 1m80, robuste, nez proéminent, mariée à un anglais prisonnier des Allemands" (la description correspond à celle de Rosine WITTON - alias "Rolande", née THERIER, dont le mari Sydney est effectivement POW. Arrêtée le 17 janvier 1944, elle sera internée à Ravensbrück, puis à Holleischen et enfin au Kommando de Flossenburg où elle sera libérée le 5 mai 1945.)
A 22 heures ce 19 septembre, ils prennent le train pour Bordeaux, où ils arrivent le lendemain. Robertson indique qu’ils sont alors pris en charge par "Franco", le surnom de Jean-François NOTHOMB, qui les prend en train pour Dax avec Roy Hodge, Edward Kinsella et un Belge (Philippe de LIEDEKERKE - Fiche B053). A Dax, ils rencontrent William Maher. NOTHOMB et un autre homme (Marcel ROGER - "Max") les guident en vélo jusqu'à Bayonne. Ils logent au 25 Avenue de Cambo à Sutar (faubourg d’Anglet) à l'auberge Larre de Jeanne Marthe MENDIARA, sauf le Belge (qui va loger chez les HOUGET à Biarritz).

C'est la 57e traversée de Comète par la Bidassoa. A cause de la pluie, la traversée prend dix heures. Ils s'arrêtent à une ferme du côté espagnol vers 06 heures le 22 septembre. Le Belge et Kinsella, plus en forme, quittent cette ferme vers 11 heures et gagnent San Sebastian en tram.
Robertson arrive à Gibraltar le 1er octobre 1943, est débriefé par le major Lewis le 2, part en avion le 4 et débarque à Bristol le 5 octobre 1943, probablement avec Kinsella et Hodge. Ayant rejoint sa base, Robertson reprit du service. Sa famille, restée 3 mois sans autres nouvelles que l' avis qu’il était porté manquant lors d’une mission, fut informée par télégramme officiel le 10 octobre 1943 qu’il était sain et sauf en Angleterre :
                             RobArc
 Article paru le 14 octobre 1943 dans le "Greensboro Watchman", Alabama.

Décédé en 1972, Archibald Robertson repose au Arlington National Cemetery à Arlington, Virginia, USA. Il était resté dans l’US Air Force, avait servi en de Corée et au Viet-Nam et a terminé sa carrière militaire comme Lieutenant Colonel.

Merci à Mary Krystine Robertson Baum, fille d’Archibald Robertson pour ces informations transmises à 'Evasion Comete' d'où est tiré une grande partie de ce texte. (Dec.2019)





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