Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 226
Section A

Individu

Nom/Matricule : John Jack K. JUSTICE / O-735390
Naissance/Décès : né à New York (en mer) le 16 mai 1917 / mai 1995, Californie, USA
Adresse : 776 Findlay, Montebello, Californie
Unité : 100 Bomber Group 349 Bomber Squadron
Grade : 1 Lt
Fonction : pilote
Zone d'atterrissage : environs d'Harskamp, NL

Justice sur ses faux papiers belges et français en 1943John K. JUSTICE

Avion

Type : Boeing B-17 G Flying Fortress
N° série : 42-3229
Immatriculation/Nom : XR-A / "Pasadena Nena"
Abattu le : 08 octobre 1943 lors d'un raid sur Bremen
Localisation : écrasé dans un champ près du Zuider Zee, Schurega, NL

Forteresse volante B-17G

Action de Comète

Réception : EVA
Interrogatoire : ESCRINIER
Hébergeurs : CHABOT, OLDERS, ROUFFART, SACOTTE, DEPAYE, DUPONT, TOUQUET, MENDIARA-VILLENAVE
Guides nationaux : VAN MOORLEGHEM, AMBACH, HOSTE, SPILLIAERT, DRICOT, DELSART, PHAL, DOUARD, ROGER, HOUGET
Guide international : SMIT
Durée : 10 semaines
Passage des Pyrénées : 16 décembre 1943

Informations complémentaires :

Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 1021. E&E 283.
Arrivé à Bruxelles dans la matinée du 9 novembre 1943, le jour de la publication du "faux SOIR" : Justice fut amené des Pays-Bas à Bruxelles par le gendarme néerlandais Karst SMIT chez Mme CHABOT et chez sa fille, Mlle Elise "Lotty" AMBACH au 4 Rue Jules Lejeune à Ixelles ou Uccle, puis guidé par Ernest VAN MOORLEGHEM le 12 novembre 1943.
Celui-ci le remet à Charles HOSTE qui le convoie à Alphonse ESCRINIER (fiche B073) et qui l'identifie chez Mr SPILLIAERT. Charles HOSTE le confie le 12 novembre à Maurice OLDERS et Yvonne PELERIN au 17 Rue des Tanneurs à Bruxelles jusqu'au 16 novembre.
Justice, dans ses mémoires, décrit comment "Un groupe d'infirmières s'arrêtait sur leur chemin de retour du boulot et m'apportaient du lait et d'autres friandises que la plupart des gens ne pouvaient s'offrir. Ils laissaient aussi des petites bouteilles avec des bouchons en liège sur l'étagère et d'autres gens les prenaient en venant en visite. Après un moment je demandai à quoi servaient ces bouteilles, pensant qu'elles étaient sûrement des médicaments. Ils me donnèrent une bouteille et enlevèrent le bouchon pour me laisser sentir. C'étaient des bombes puantes artisanales, que les gens jetaient dans les voitures et les bureaux des Allemands." Ces infirmières sont Yvonne BIENFAIT, Yvonne DE MEULENAERE et Marguerite PUISSANT. Il a été soigné du 12 au 16 novembre par Yvonne DE MEULENAERE.
HOSTE vient le reprendre avec SPILLIAERT pour l'emmener chez DELSART au 2 Rue Smeessens à Etterbeek pour lui chercher un logement. HOSTE le conduit finalement chez Remacle ROUFFART et Madeleine LOMBA au 51 Avenue Jules Malou à Etterbeek. Justice et Spicer (fiche A227) y restent du 16 au 18 novembre 43. Du 18 au 24 chez Cyprien SACOTTE époux Marie VRANKEN au 64 Rue du Champ du Roi à Etterbeek, puis chez Jean DEPAYE et Camille LOMBA au 20 Rue du Vieux Marché aux Grains à Bruxelles jusqu'au 03 décembre. Jack Justice reçut souvent la visite de Gaston MATTHYS. Ce dernier le remet à un délégué d'Yvon MICHIELS "Jean SERMENT" pour qu'il soit évacué par Comète. Il s'agit ici de Jules DRICOT "Deltour"
Un guide (Jules DRICOT) les conduit en train à la frontière française, ou un autre guide et deux autres aviateurs les rejoignent (Smith fiche A228 et Mellor fiche A229). Ils passent chez Achille DUPONT et sa femme Germaine HENNEBERT au 173 Rue Trieux del Croix à Saumoy-lez-Sivry.
Ils arrivent à Paris le samedi 04 décembre. Ils sont logés à Vanves pendant une semaine.
Il est logé avec Spicer dans le groupe de Fernande ONIMUS-PHAL du 04 au 13 décembre chez Raoul TOUQUET et Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux. Fernande ONIMUS ("The Lady in Black") les conduit à une gare et leur présente une femme, Marcelle DOUARD, qui les conduit à Bordeaux de nuit : Le jour où ils partent (13 décembre), une petite femme les prend en charge. Elle leur donne de propres chaussettes et des sous-vêtements. C'était "The Little Lady In Black". Elle était depuis longtemps dans la Résistance. Ils prennent un métro le long de la rive de la Seine, où ils voient deux autres aviateurs conduits par un Français. Les deux groupes restent séparés d'une centaine de mètres. Marcelle DOUARD leur donne des instructions et remet Smith et Justice à une autre femme qui va les guider.
Leur nouvelle guide les emmène dans un café où ils soupent avant de partir en train. Elle leur dit bien de ne rien dire sauf si elle leur demande, et leur seule réponse doit être "oui". Elle leur demande s'ils aiment le lapin, et ils répondent "oui". Tout marche bien. Le garçon va en cuisine et hurle dans le restaurant qu'il n'y a plus de lapin. Le guide répond sur le même ton, et Smith et Justice continuent à dire "oui, oui, oui" ! Il ne se rappelle plus ce qu'ils ont mangé, et ne demandaient qu'à sortir. Elle s'assied entre Smith et lui dans un compartiment avec 5 autres personnes. Toute la nuit, elle leur parlera et devra leur rappeler "Don't say yes, say oui".
A l'arrivée à Bordeaux, ils sont remis à quatre Français avec les autres aviateurs. On leur explique ce qu'ils vont faire. Ils achètent des tickets pour Dax et y rencontrent "Max", Marcel ROGER. Ils partent à vélo et traversent une petite forêt. Ils s'y arrêtent et mangent. Ils repartent et attendent l'obscurité pour traverser un village plein d'Allemands. Ils s'arrêtent à une auberge. Ils sont logés et nourris et Smith adore le repas et le vin.
C'est le 80e passage de Comète, par Larressore, avec les seuls guides de Pierre ETCHEGOYEN. Ils omettent de dire qu'ils retrouvent Carl Smith et Archibald Mellor entre Dax et Bayonne. Il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
Les quatre guides français sont remplacés le lendemain par deux nouveaux, et ils repartent à vélo le long de la rive d'une rivière. Ils abandonnent les vélos et traversent en radeau.
Ils entament la traversée des Pyrénées, qui durera quatre jours, avec un évadé belge, Georges Marchand (fiche B061). On leur dit qu'ils vont marcher environ deux heures avant de se reposer la nuit dans une cabane. Le lendemain, ils seraient pris par un véhicule diplomatique anglais. Après un moment, deux guides espagnols rejoignent les deux guides français. Discussion et les deux premiers les quittent. Ils marchent jusque 02 heures. Ils arrivent à une toute petite baraque dans les montagnes et entrent. Les quatre aviateurs vont s'asseoir d'un côté et regardent le propriétaire et les guides manger et boire sans rien leur offrir. Ils demandent quelque chose, mais on leur refuse. Ils demandent à aller dormir et on les conduit dans la cabane avec des poules et on leur dit de dormir par terre. Le matin, ils sont emmenés à la cuisine de la ferme. Justice reçoit une tortilla et un boudin appétissant, mais sans liant. Ce fut son dernier repas pour les quatre jours suivants.
Ils marchent principalement la nuit, et se nourrissent de betteraves et autres plantes dans les cabanes où ils s'arrêtent. Ils sont accosté à plusieurs reprises par des bandes d'Espagnols en maraude, et il y a chaque fois un genre de confrontation entre leurs guides et ces bandes. Ils ne sont jamais molestés. La quatrième nuit, ils s'arrêtent à une maison le long d'une route et y reçoivent à manger. Justice a du mal à se relever. Le soir, ils repartent et marchent toute la nuit. Juste avant l'aube, ils arrivent au sommet d'une montagne d'où leur vue porte à des dizaines de kilomètres dans toutes les directions. Le guide stoppe quelques minutes et un des aviateurs lui demande "combien encore ?" C'est la question qu'ils posaient depuis des jours et la réponse invariable était "demain". Cette fois-ci, le guide répond : "cinq minutes". L'Anglais (Archibald Mellor) regarde autour de lui et dit "ma foi, ça va être une descente d'enfer !" Pourtant, en à peine une demi-heure, ils contournent une crête et aperçoivent des bâtiments dans la vallée.
En empruntant une route, ils arrivent à des maisons en vingt minutes. Une des maisons ressemble à un hôtel (à 20 Km de Tolosa). Ils sont conduits à l'étage, reçoivent des serviettes, des habits propres, ... et de la soupe. Ils prennent un bain et entament un merveilleux déjeuner avec des œufs. Le soir, une antique Ford modèle A arrive (pas de l'ambassade). Les quatre évadés et le chauffeur montent à bord et dévalent la montagne. Deux heures plus tard, ils sont à San Sebastian et arrêtent devant un charmant hôtel. Ils reçoivent tout le second étage avec une salle à manger au centre. Après un peu de repos, on leur sert un repas comme ils en avaient perdu le souvenir. Cela commence avec une bouteille de gin, un litre de Vermouth et du soda. Vient ensuite une entrée géante, du vin, de la soupe, un steak et des légumes ; encore du vin et même un plat de fruits frais, comme ils n'en n'ont plus mangé depuis qu'ils ont quitté les états-Unis. Le plat était énorme, mais ils avalent même le citron. On leur sert du café et une bouteille de cognac est laissée sur la table. Ils vont tous se coucher tôt.
Le lendemain à midi, une limousine de l'ambassade britannique vient les prendre à Madrid, où ils sont placés sous surveillance. Le jour suivant, l'attaché militaire américain les visite et leur raconte ce qui les attend. Ils vont recevoir des papiers de Canadiens français et placés en hôtel aux frais des Britanniques. Ils reçoivent une avance sur leur salaire en retard pour les petits frais. Sans connaître le taux, Justice demande 100 dollars. L'attaché rit et lui dit qu'il recevra $25 et les autres, rien du tout, puisque avec cela il a de quoi payer leur semaine et qu'ils auront encore trop de monnaie qu'ils ne pourront plus échanger contre des dollars. Ils dépensent tout l'argent en excursions, en nourriture supplémentaire, et il reste effectivement à Justice une liasse de billets espagnols qu'il conservera.
A la fin de la semaine, ils sont rassemblés et conduits à la gare pour prendre un train. Malgré la nourriture prévue, ils achètent encore du poulet, des pâtisseries et des cigarettes. Douze Français rejoignant l'Angleterre montent avec eux. Le restant du train est rempli de soldats espagnols, dont beaucoup portent une croix de fer allemande. Ils revenaient du front de Russie. Ils n'avaient pas de place pour s'asseoir. Un policier espagnol s'assied par terre à côté de Justice. Il reçoit du vin, des cigarettes et de la nourriture. Après un moment, un Espagnol se fâche et exige un siège dans leur compartiment. Le policier leur demande leurs tickets, et comme ils en ont 20 pour les 16, il fait évacuer ses compatriotes. Ils descendent dans une petite ville juste avant Gibraltar (San Roque ?). On les prend en voiture et entrent à pied sur le sol britannique. Ils étaient revenus !
Gibraltar était tellement plein de monde qu'ils n'y avait plus de place pour dormir ou manger, et ils sont donc évacués par air le plus vite possible. A la veille de Noël, 75 jours après avoir été abattu. Vers minuit, ils sont amenés à l'aéroport et mis dans un C-47 portant des cocardes britanniques. Ils arrivent à Bristol tôt le jour de Noël. Ils reçoivent des tickets de train pour Londres et reçoivent l'adresse d'un bureau de sécurité dans un certain hôtel. Quand ils y arrivent, ils sont immédiatement enfermés jusqu'à leur identification. Ce fut longtemps après le repas du soir, mais le cuisinier londonien leur prépara un repas de Noël.
Deux jours plus tard, le Lieutenant Daniel Smucker du 100e groupe de bombardement vient l'identifier et Justice est relâché. Chacun est identifié de la même façon. Ils reçoivent des uniformes de l'armée et des insignes de leur grade, ce qui les rend suspects à Londres, n'ayant pas d'occupation. Les seuls Américains qui savaient qui ils étaient sont les MP et ils les traitent royalement, veillant à ce qu'ils n'aient pas d'ennuis ni de difficultés. Ils purent finalement rejoindre des logements pour militaires. Ils ont beaucoup de temps libre, mais sont interrogés chaque jour par un capitaine du WAC.
Justice reste encore environ un mois en Angleterre pour faire des conférences sur son évasion. Il peut alors rentrer en Amérique en février 44.
John Justice est enterré au Riverside National Cemetery, Riverside, Californie. Il s'était engagé le 17 janvier 1942 à Los Angeles, Californie
Davantage d'informations à cette page. Malheureusement, il n'y a que peu de précisions quant aux localités (il ne cite que Barneveld, Arnhem, Tilburg, Gilze-Ryen, Turnhout, Anvers, Bruxelles, Paris, Fort Issy, Bordeaux) et pas de noms, hormis quelques prénoms ("Kees" à Tilburg ; le chef de la police du village de Barneveld ; "Cyprien", policier à Bruxelles.)

Remerciement
Mot de remerciement de Justice dans le carnet de Pierre Elhorga.


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