Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 278
Section A



Individu

Nom/Matricule : Ray P. Reeves / 18076981
Naissance/Décès : 6 avril 1922, Alanreed, Texas, USA / Houston Texas, le 03 juillet 2001
Adresse : Alanreed, Gray County, Texas, USA
Unité : USAAF 44 Bomber Group 67 Bomber Squadron
Grade : T/Sgt
Fonction : photographe
Zone d'atterrissage : Sommereux, Oise, France

Ray Reeves sur ses faux papiers Comète en 1944

Avion

Type : B-24 Liberator
N° série : 42-7635
Immatriculation/Nom : "Ram-It-Dam'It"
Abattu le : 21 janvier 1944 en mission sur des sites de V-1 (Pas-de-Calais et Cherbourg) par des Me 109
Localisation : écrasé vers 15h00 près de Lignières-Châtelain, à l'Ouest d'Amiens en Somme

B24 Liberator

Action de Comète

Réception :
Interrogatoire :
Hébergeurs : MENDIARA
Guides nationaux : GILBERT, CLAUDETTE, DUMON, ANCIA
Guide international :
Durée : 4 mois et demi
Passage des Pyrénées : le 08 mai 1944


Informations complémentaires :

Le rapport de perte d'équipage MACR est le 2357. Rapport d'évasion E&E 729.
Il appartenait au 67th Squadron, mais vola à bord du B-24 WQ-Q / "RAM IT-DAM IT" Serial 42-7635 du 44 BG/68 BS en tant que photographe lors de la mission du 21 janvier 1944 sur des sites de V-1 dans le Nord de la France.
Dans les Escape & Evasion Reports (E&E n° 419 & 420) des 2 Lts Warren C. Tarkington et Louis Feingold (respectivement navigateur et bombardier à bord du B-17 “Destiny’s Tot - 95th Bomb Group/336th Bomb Squadron, abattu le 31 décembre 1943), il est fait mention de ce que, guidés par M. GILBERT, Juge de paix, ils sont arrivés à ANNEUIL dans la maison de ce dernier le 24 janvier 1944. M. GILBERT, le chef d’une organisation locale, avait été officier dans l’Armée et s’était échappé d’Allemagne. Les deux aviateurs virent arriver Reeves le 21 janvier et tous trois passèrent par les mains d’un coiffeur…qui se révéla être leur guide dans Paris par la suite. Le 27 janvier, ils sont menés à une gare à environ 40 km de là et prennent le train pour Paris en compagnie de GILBERT et du coiffeur. Arrivés à Paris, ils prennent un taxi pour se rendre chez Mme SCHMITT, où ils rencontrent un certain Olof et le pilote d’un Typhoon anglais. A 17h00 le même jour, CLAUDETTE, 33-35 ans, qui avait étudié à Wellesley, vient chercher Neelan Parker (E&E461) et 2nd Lt Edward J. Donaldson (E&E 460) [des équipiers de Camp (fiche C112) et Cooper (C113)] pour les conduire dans une autre maison. A 19h00, elle vient chercher Tarkington et Feingold, le tour de Reeves étant prévu à 21h00.
Tarkington et Feingold apprennent par la suite que Mme SCHMITT et CLAUDETTE ont été arrêtées, sans doute trahis par Olof, dont les différentes versions de son évasion avaient éveillé les soupçons de ses colocataires aviateurs, qui s’en étaient ouverts auprès de CLAUDETTE. [Infos ci-dessous en rouge dans l’article "The Way It Was" par 2Lt Louis Feingold dans "B-17s Over Berlin", Potomac Books, Washington, DC – 1990].

Reeves saute de 10.000 pieds et se blesse au poignet et à la cheville en atterrissant dans un champ près du petit village de Sommereux. Il court 150 mètres, dépose sa Mae West et s'enfuit dans la direction opposée se cacher dans un bois. Il évite une paire de fermes et voit des camions allemands passer pour aller fouiller la zone. Avec sa combinaison chauffante bleue, il effraie des garçons qui retournaient le foin. Il leur passe du chewing gum et ils appellent leur mère, qui le fait rentrer. Il s'y endort pour la nuit après avoir indiqué qu'il voulait rejoindre Paris, mais reçoit un papier en anglais disant de suivre les deux hommes qui l'ont apporté. A partir de là, "son évasion est organisée".
Il reçoit des vêtements et des mauvais souliers et part avec les deux guides. Ils se rendent chez Victor PATIN (?), qui le prend en photo. Il est ensuite conduit chez un docteur à 2 km de là. Nous sommes le 23 janvier. Le rapport manuscrit de Reeves est très difficile à lire, mais il est conduit en voiture vers Beauvais, et il y reste 2 jours, jusqu'au 25 janvier. Reeves cite le nom de Lucien REVERT au 25 Rue de "Champortes" (Avenue de Champagne ?), qui est effectivement connu comme un logeur de Gilbert THIBAULT. Gilbert THIBAULT, un ancien de la ligne Alsace et de Comète, ne travaille plus avec Jacques LE GRELLE, arrêté.
A Beauvais, un jeune homme lui fait rencontrer Gilbert THIBAULT dans un dépôt de trains. Ils roulent en voiture jusqu'à une autre localité où "Gilbert" habite (Auneuil). Reeves y mange et dort et part le lendemain matin (27 janvier) en train à Paris avec "Claudette" et "Gilbert". Il y trouve 5 à 6 Américains dont "un enfant du Texas abattu le 30 décembre". Ils suivent Gilbert THIBAULT et "Claudette", Reeves suivant un jeune homme blond d'environ 22 ans, et se retrouvent tous au 3e étage d'une maison près d'un hôtel. Un pilote de Typhoon londonien est également présent.
Le 28 janvier, "Claudette" (Marie-Rose ZERLING, du 12 Rue Saint Ferdinand Paris XVIIe) le conduit au 08 Rue Jean Maureas, Paris XVIIe, chez Yvonne DIXIMIER. Apparemment il y reste jusqu'au 12 février, avant de revenir à Beauvais chez "Maurice LEFEVRE", qui doit être cet instituteur retraité d'Auneuil et répertorié comme logeur de THIBAULT.
Yvonne DIXIMIER confirme l'arrivée de "Rivees" le 21 janvier chez elle (ce doit être le 28, Reeves ayant été abattu le 21 janvier). Elle ne rentre que le 22 chez elle, et Reeves a été accueilli par sa sœur Marguerite THEAULT et sa fille Françoise BURY. Elle déclare l'avoir logé jusqu'au 21 février. Après l'arrestation de Marie-Rose ZERLING le 05 février, Yvonne DIXIMIER est coupée de la ligne qu'elle ne connaît que par elle, et qui ne saurait être Comète (probablement Shelburn ou François). Reeves, se sentant en danger demande à partir. DIXIMIER le promène de rue en rue et de cinéma en cinéma pendant plusieurs jours, du 17 au 20 février, ne rentrant que pour les repas et le conduisant chaque soir dans un hôtel différent, le disant sourd et muet. Le 21 février, Yvonne DIXIMIER le guide à Beauvais, à la demande de Reeves et le remet à nouveau entre les mains de Gilbert THIBAULT..
C'est là que Reeves déclare retrouver Marion Knight, Glenn Camp et Jarvis Cooper à Noailles. Knight confirme qu'une fois arrivé à Beauvais, lui et deux coéquipiers s'arrêtent à la maison d'un vétérinaire, s'y séparent, puis poursuit sa route jusqu'à Noailles où Knight rencontre Glenn Camp et Jarvis Cooper, dont il pense qu'ils étaient logés chez des gens nommés "Eckert" (confirmé, c'est bien chez Robert ECKERT et son épouse, fermiers à Noailles). Reeves dit qu'il y avait encore deux autres aviateurs.
Reeves est alors guidé vers Chaumont-en-Vexin avec Knight et loge avec lui chez un sous-officier retraité, vétéran de 14-18, sa femme et leurs deux filles. Après deux nuits passées là, ils partent pour "Montjevault" (Montjavoult, au Sud de Gisors), où ils sont hébergés par M. et Mme VERNIER, chez qui Gilbert THIBAULT et un homme de petite taille viennent vérifier l'identité des deux évadés. Reeves semble dire qu'ils y restent deux semaines.
Knight et Reeves vont alors à Chaumont, avant de se diriger vers Paris, rencontrant à Argenteuil un boucher et "Yvonne" (Yvonne DEPLANCHE, Infirmière de la Croix-Rouge au 1 Rue Ernest Gouin à Paris XVIIe. Avec Charles BIENNAIS du 6 Avenue Maria puis 31 Boulevard Thiers à Argenteuil, Seine & Oise, qui est régisseur-économe de la Cantine locale). Ils sont dans un groupe de huit qui est mené à un vieil hopital avant qu'Yvonne DEPLANCHE et "Suzanne" (?) les conduisent en train à Paris, puis en métro, vers l'appartement d'une dame belge au cinquième étage d'un immeuble où se trouve un aviateur de la RAF, William Bender. Ils y rencontrent "Jean", 19 ans, grand, cheveux noirs ainsi qu'un petit Canadien aux cheveux foncés nommé "Yvon", ce dernier ne pouvant rester longtemps car il est recherché par la Gestapo.
Ce détail n'est pas entièrement vérifié, mais il se pourrait fort bien que Reeves est alors chez Suzanne BASTIN (originaire de Florenville) au 16 Rue du Chevalier de la Barre à Montmartre. Elle est Belge et c'est l'adjointe parisienne de Dominique POTIER. Le petit Canadien pourrait bien être Conrad Lafleur et "Jean" tout simplement Jean de Blommaert. Voir ce site au sujet du réseau POSSUM.
C'est alors que Reeves rencontre Abraham Teitel et "un Canadian d'un Mosquito nommé Bill" (William Bender).
Reeves et Knight vont alors loger 5 semaines chez Lucienne Yvonne LEROY alias "Marie-Louise", devenue alors logeuse-agent de liaison de Comète le 24 mars 44 dans la section "RAFFALOVICH-YARMONKINE" au 41 Rue de Passy à Paris XVIe. Elle est ravitaillée par Madeleine BODET, sténo-dactylographe des RAFFALOVICH au 110 Boulevard Haussmann Paris VIIIe. Reeves y voit une fois Gilbert THIBAULT. Il va parfois se promener et visite Yvonne DIXIMIER au 8 Rue Jean Moréas, Paris XVIIe.
Il signale une Mme "Chaffy" du 6 Rue Franklin dans le XVIe qui lui rend visite. Cette dame lui dit de ne pas vouloir aller en Suisse, car elle connaît des gens là. Reeves est en train de perdre patience. Vera YARMONKINE épouse d'André RAFFALOVICH vient aussi le voir et tente de lui expliquer que Gilbert THIBAULT a reçu l'ordre de ne plus évacuer les aviateurs via l'Espagne. Reeves ne comprend plus rien et s'énerve. La section Raffalovich est en train de se faire infiltrer par un faux aviateur nommé Olaf (ou Olof) et ses logeurs risquent de se faire arrêter à tout moment (Les Raffalovich et Lucienne Leroy seront arrêtés les 3, 6 et 7 juillet 44).
La photo de Reeves, récupérée sur ses papiers d'identité de Comète, montre qu'il a suivi cette filière de Paris à Bayonne. Ils quittent Paris le 5 mai avec Aline DUMONT et Albert ANCIA et chaque groupe perd un homme (Glenn Camp and Jarvis Cooper) arrêté en cours de route. Reeves déclare qu'il suit l'homme (ANCIA) avec Glenn Camp. Il précise que Camp et Cooper portaient leurs "GI's shoes" (bottines de combat américaines) et qu'ils ont certainement été repérés comme cela.
Il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA. Reeves franchit avec Teitel, seuls avec un guide au 96e passage de Comète, par Souraïde, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie). C'est un passage qui fonctionne de fin 1943 au 6 juin 44.
Reeves ajoute qu'il a été aidé par la Résistance française, a presque été arrêté à Paris, a été escorté en train vers la frontière espagnole, a été abandonné par son guide dans les Pyrénées où il faillit mourir gelé, marcha vers l'Espagne où il fut interné jusqu'à ce qu'un attaché d'ambassade américain vienne le chercher.
Passage par Gibraltar, où il est débriefé à son arrivée le lundi 06 juin, puis départ en Angleterre par avion où il arrive le 8 juin à Bristol.
D'autres membres de cet équipage ont été évacués par les lignes Marie-Odile et Bourgogne : le T/Sgt Archie R. Barlow, mécanicien ; Alvin A. Rosenblatt, le radio ; Alfred M. Klein, mitrailleur de flanc gauche et Charles Wright "Chick" Blakley.
Rentré aux Etats-Unis, Ray Reeves est démobilisé le 24 novembre 1944. Décédé en 2001, il repose au Brookside Memorial Park à Houston, Texas.
Compléments d'infos :
Reeves lui-même indique qu'il fut recueilli à Paris avec Abraham Teiltel (fiche A277), Glenn Camp (fiche C112) et Jarvis Cooper (C113).
Passage par Gibraltar, puis en Angleterre où il rejoint la ZOI (Zone of the Interior) le 17 juin 1944.


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