Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 228
Section A



Individu

Nom/Matricule : Carl Newton SMITH / O-142904
Naissance/Décès : Burlington, Kansas, le 12 octobre 1918 / le 20 août 1992 à Sun City West, Arizona, USA
Adresse : Box 336 MacFarland, Barstow, Californie, USA
Unité : USAAF 91st Bomber Group 322 Bomber Squadron
Grade : 2 Lt
Fonction : copilote
Zone d'atterrissage : La Hamaide (Hainaut)

Carl Smith sur ses faux papiers Comète en 1943

Avion

Type : Boeing B17-F-BO Flying Fortress
N° série : 42-2990
Immatriculation/Nom : LG-R / "Dame Satan"
Abattu : le 17 août 1943, lors d'une mission sur les usines de roulements à billes VKF à Schweinfurt
Localisation : écrasé à Montrœul-au-Bois (Hainaut)

Forteresse Volante B-17

Action de Comète

Réception : EVA
Interrogatoire : EVA
Hébergeurs : TITART, LEPLAT, PHARAZYN, DUPONT, MENDIARA
Guides nationaux : SWERTS, DE SOMER, HOSTE, DRICOT, STASSART, DOUARD, NOTHOMB, HOUGET
Guide international :
Durée : quatre mois
Passage des Pyrénées : le 16 décembre 1943


Informations complémentaires :

Le Missing Air Crew Report est le MACR 277, E&E 284 (partiel avec récit personnel)
Les membres d'équipage sont : pilote, Lt. Hargis, parachute non ouvert et tué ; copilote, 2 Lt. Carl N. Smith ; bombardier, Lt. Ted Winslow 0-673492, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; navigateur, Carlyle H. Darling (fiche C013) ; radio T/Sgt Victor Ciganek, blessé, arrêté immédiatement ; mécanicien S/Sgt. Jarvis Allen (fiche A187) ; mitrailleur ventral S/Sgt. Starr Tucker, parachute non ouvert et tué ; mitrailleur latéral S/Sgt Albert Diminno (fiche A170) ; mitrailleur latéral S/Sgt. Gerald Tucker, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; mitrailleur arrière S/Sgt Leland Judy (fiche A169).
Carl Smith est recueilli à La Hamaide après son atterrissage, puis transféré au hameau de la Belle Eau à Frasnes par Madame SWERTS chez Fernand TITART, un brasseur de Frasnes-lez-Buissenal. Il est débarrassé de tous ses effets militaires et soigné par les docteurs G. FIEVET et Adrien MORELLE pour sa jambe fracturée. Mme SWERTS était la nièce de Anna DELHAYE, qui avait séjourné aux USA en 14-18 près de chez les cousins de Jack Hargis.
Après onze semaines de réhabilitation chez les TITARD, il est réceptionné à EVA le 29 novembre par Charles HOSTE chez un DE SOMER-BUL au 126 Rue Royale Sainte-Marie à Schaerbeek. HOSTE le met en pension chez l'instituteur Hector LEPLAT et Irma WECKSTEEN au 96 Rue Rubens à Schaerbeek. Smith dit que Alphonse ESCRINIER "Charles" (fiche B073) avait un appareil radio caché dans une caméra. Il est également logé quelques jours chez les PHARAZYN à St-Gilles.
Smith fut remis par Gaston MATTHYS à Jules DRICOT "Deltour" le 03 décembre 1943, avec Mellor (fiche 229A), Justice (fiche 226A), et Spicer (fiche 227A). Ils passent chez Achille DUPONT et sa femme Germaine HENNEBERT au 173 Rue Trieux del Croix à Saumoy-lez-Sivry.
Il est guidé à Paris avec Mellor par Amanda STASSART jusque chez sa mère, Louise BASTIN au 8bis Rue Margueritte dans le XVIIe.
Il traversera les Pyrénées avec eux et avec un évadé belge, Georges Marchand (fiche B061).
Le 13 décembre, "Mme JEROME" vient vers 16 heures et les conduit dans une rue sombre, où ils rencontrent une toute petite femme avec une voix enfantine. Elle a des cheveux foncés assez courts, devait avoir 30 ou 35 ans, ne présentait guère de mine mais d'une personnalité plaisante, elle semblait gaie et avait de très bonnes manières. Elle portait trois ou quatre vestes sur son tailleur noir et une épaisseur sans manches de peau de mouton. Elle porte des bas noirs montant jusqu'aux genoux. Il s'agit de Marcelle DOUARD. Ils prennent aussi un Belge (Marchand) dont le guide demande de ne pas parler à l'ambassade à Madrid. Il mesure 1 m 80, des cheveux roux-bruns, un front haut et des cheveux assez fins, pèse 75 kilos et porte des lunettes, apparemment comme déguisement. La petite guide les emmène au restaurant, puis à la gare vers 20 heures et demi. Quatre des évadés se partagent un compartiment jusque Bordeaux.
Ils y rencontrent un Belge qui a fait son service militaire. "Il a un tic et donne l'impression qu'il veut être au centre du spectacle". Ils prennent un train pour Dax et y reçoivent des vélos pour un voyage vraiment dur. La jambe de Smith va vraiment mal. Il a l'impression de rencontrer des millions d'Allemands. Ils atteignent l'auberge de Jeanne Marthe VILLENAVE épouse MENDIARA à Sutar au Sud de Bayonne. Ils y mangent au soir, dorment et repartent le lendemain à 17 heures, avec les vélos. Ils traversent des bois et des champs, puis le long de la Nive, sur le chemin de halage. Ils attendent le soir pour la traverser sur un bac.
C'est le 80e passage de Comète, par Larressore, avec les seuls guides de Pierre ETCHEGOYEN.
Vers 22 heures et demi, ils reçoivent un morceau à manger et continuent à travers des montées et descentes. Ils se mettent alors à marcher et sa jambe lui cause des soucis. Smith ne peut suivre le rythme des autres. Il doit même marcher sur les genoux et les mains une partie du trajet. Les autres l'attendent et repartent dès qu'il les a rejoint. Il ne peut ainsi jamais se reposer. Ce trajet est - de ses propres mots, la chose la plus misérable qu'il ait jamais effectuée. Il se demande s'il serait capable de revenir en France. Vers 10 heures et demi, ils atteignent une hutte où sont déjà une bande d'Espagnols (les passeurs basques). Les guides mangent alors que les évadés n'ont plus rien mangé depuis midi. Ils leur demandent un peu de nourriture mais on leur répond qu'ils mangeront au matin. Ils passent la nuit avec des poulets et des vaches, mais il fait si froid qu'ils ne peuvent dormir. Le Belge dont ils ne devaient pas parler leur dit qu'il parlera aux Français de ce manque de nourriture, quand il retournera en France. Ils reçoivent un verre de vin, une tortilla et 5 cm de saucisse pour déjeuner. Vers 10 heures, le Belge, Smith, Justice, Spicer et Mellor reprennent la marche. Ils parviennent à une étable à chèvres vers 16 heures, où ils attendent le prochain guide en mangeant un morceau de fromage et un crouton de pain. Le Belge les quitte là. Ils vont dans une grange hors du village et dorment un peu dans la paille, malgré le froid. Ils reçoivent une bouteille de vin et un morceau de saucisse pour quatre. Le matin suivant, ils reçoivent du pain et un gros bol de lait chaud. A midi, ils peuvent manger des haricots à volonté, une autre bouteille de vin et tout le pain qu'ils veulent. Ils commencent à se sentir mieux. A 17 heures, ils reçoivent encore des haricots et prennent la route à 18 heures, en contournant le village.
Vers 22 heures, Smith recommencent à souffrir de sa jambe fracturée. Vers 1 heure, ils changent de guide. Ils contournent une ville et marchent sur une route. Le guide leur répètent inlassablement "encore 10 Km", "encore 7 Km". Ils continuent à marcher. Vers 4 heures, Smith se sent plus prêt à étrangler le guide qu'à s'arrêter de marcher. A 7 heures, ils arrivent à une maison et s'effondrent dans un lit, entourés de vaches et de cochons. Mais il fait chaud et le lit est confortable. Au matin, ils reçoivent un plat de haricots, du pain et du vin. Smith a du mal à enfiler ses souliers tant ses pieds sont gonflés. Ils reprennent la route. Cette fois, le guide leur dit "20 Km". Pour une raison qu'ils ignorent, il les fait passer le long du plus haut pic de la région. Smith déclare que des envies de meurtre commencent à le tarauder, surtout quand le guide leur annonce "encore cinq minutes de plus". Vers 4 heures et demi, ils parviennent à un hôtel dans les montagnes. Smith découvre qu'ils sont 32 Km au Sud de San Sebastian et doivent revenir sur leurs pas en voiture. Heureusement, le guide a disparu.
Ils ont un bon repas à l'hôtel, dorment confortablement et reprennent goût à la vie. La gérante de l'hôtel prend bien soin d'eux. Au soir, un homme vient les prendre dans un Ford modèle B et les emmène à Tolosa, puis à San Sebastian. Ils sont conduits dans un hôtel où ils ont un merveilleux repas bien arrosé. Le chauffeur leur donne même des cigarettes américaines.
De cet hôtel, ils vont à Madrid et ensuite à Gibraltar. Là, il est interrogé par un capitaine nommé Zundel.
Smith est enterré au Fort Logan National Cemetery à Denver, Colorado. Il a terminé sa carrière militaire comme lieutenant-colonel dans l'US Air Force et a servi également en Corée et au Viet-Nam.
Merci à Jacques Desmont pour ses informations sur Frasnes.

      frasn
En septembre 43 à Frasnes-lez-Buissenal :
Debout de gauche à droite : Georges Grenez (bijoutier-Horloger préposé au règlage des cloches de l'église), Benoni Dekens (Exploitant de cinéma - La Gaieté - qui fut repris par Fernand Titart, je crois le cinéma Max, et enfin le cinéma Scala. Entretemps aussi transporteur), le Docteur Gustave Fiévet (Officier ?), Onésime Vancoilden, garagiste exploitant un garage Ford à la rue de la Station, Dr Adrien Morelle, dont l'épouse était infirmière et impliquée dans la Croix-Rouge,  Léon-Gaston Flamand (garde-champêtre de Buissenal).
Assis devant : Emile Lagneau, Carl Smith, Aviateur Américain, , Gilbert Lagneau. (photo Solange Grenez)

(*) Concernant Georges Grenez, il a participé avec d'autres membres de l'AS à descendre une cloche que l'on appelait le Dindin au nez et à la barbe des allemands, au moment où ils réquisitionnaient les cloches. Ses compagnons étaient:Léon Mussot qui exploitait une Droguerie, Victor Renard qui a exploité un estaminet sur la Grand'Place, et Maurice François, un menuisier qui habitait à la Rue du Pont de Lessines et c'est dans son atelier que la cloche avait été cachée sous un tas de sciures (je cherche des pistes au sujet de ces 3 personnes)
(**) Concernant Onésime Vandercoilden, sa fille Jeanne Vandercoilden était aussi très impliquée dans la Résistance.
(***) Gilbert Lagneau a trouvé la mort le 26 août 1944 à l'âge de 27 ans. Il est repris au mémorial du Caillois situé à Montroeul au Bois, avec Jack Hargis (pilote de l'avion que l'on évoque également dans la fiche).

Pour info, je me documente sur les faits de guerre avec un ami, pour faire un travail de mémoire, comme nous l'avons déjà fait avec le Général Rucquoy (guerre 14-18 et natif de Frasnes-Lez-Buissenal) et d'autres résistants. Et nous faisons le tour des écoles du village pour aller expliquer aux enfants les faits qui se sont réellement passés dans leur village. Nous l'avions fait à l'occasion du Centenaire de l'Armistice et tant les professeurs que les enfants avaient marqué un grand intérêt...plus intéressant même que l'histoire des guerres en général...
Toutefois, nous avons remarqué le silence qui règne dans le milieu des recherches pour certaines personnes, car il n'y a pas eu que de la bravoure, il y avait aussi de la collaboration avec l'ennemi... mais ça c'est une autre histoire.
Au plaisir d'encore pouvoir échanger éventuellement des informations.
Meilleurs voeux, Jean-Claude Roman (correspondant avec Comete-Remembrance par email-31Déc21 et 1erJan22), merci beaucoup à lui également pour la photo et les renseignements complémentaires qu'il donne. Ainsi que les photos ci-dessous.

     Helper  qui accueilli l'aviateur et le guida  dans  la région de Frasnes :  swerts     -     Monument à Montroeul/Frasnes : montroeu

                                                                                                                       Madame SWERTS                                 HARGIS, pilote (1920-1943); LAGNEAU, Frasnes (1917-1944);  DOGIMONT, Frasnes (1925-1944) 


_______________________________________________________________________________________

                

Remerciement
Mot de remerciement de Smith dans le carnet de Pierre Elhorga.



Retour à la liste des personnes évacuées

© Comète Kinship Belgium