Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 039
Section A
IndividuNom/Matricule : John Angus MacLEAN /C1107
Naissance/Décès :le 15 mai 1914 à Lewes, Prince Edward Island / le 15 février 2000 à Charlottetown/Belle River, Prince Edward Island/Ile du Prince Edouard, Canada
Adresse : Lewis, Beaton's Mill, Prince Edward Island, Canada
Unité : RAF Bomber Command 405 RCAF Squadron
Grade : Fl/Lt (RCAF)
Fonction : pilote
Zone d'atterrissage : entre Zaltbommel et Hedel, près de Velddriel, dans la Province de Gelderland, Pays-Bas
Angus McLean sur ses faux papiers belges en 1942Archives Andrée De Jongh
AvionType : Handley Page Halifax Mk II
N° série : W7708
Immatriculation/Nom : LQ-H
Abattu : par la Flak puis un chasseur au-dessus de Heteren (Gelderland, NL) dans la nuit du 8 au 9 juin 1942 lors d’une mission sur les usines d’armement KRUPP à Essen, Allemagne
Localisation : écrasé près de Bruchem, NL
Handley Page Halifax
Action de ComèteRéception : Luctor et Emergo (NL)
Interrogatoire : GREINDL
Hébergeurs : PAGIE, PEETERS et MEISEN, LIEGEOIS et WARNON, COACHE et DE JONGH, SAN VICENTE, ARMENDARIZ
Guides nationaux : PAGIE, KLOEG, NYSSEN, MONDO et PEETERS, VAN LIER, NYSSEN
Guide international : BEELEN et BERGMANS, de MENTEN et d'OULTREMONT, DE JONGH
Durée : 8½ semaines
Passage des Pyrénées : le 17 août 1942
Informations complémentaires : Rapport d’évasion SPG 3310/837 (pas obtenu).
L’appareil décolle à 22h57 de Pocklington et, arrivé près de l’objectif, est touché par des obus de la Flak. L’avion perdant immédiatement de l’altitude, MacLean a de la peine à le stabiliser. Les ailerons sont endommagés et empêchent l’appareil de pouvoir suivre un vol en ligne droite. Il tourne sur lui-même pendant 1½ heure avant qu’un aileron finisse par réagir, leur permettant de mettre le cap au Nord sur Münster dans l’espoir de pouvoir regagner l’Angleterre. A l’approche de la frontière hollandaise, deux chasseurs allemands Me110 le prennent pour cible et endommagnt sérieusement l’aile droite avant que l’un d’entre eux soit abattu par les mitrailleurs du Halifax. Les 2 moteurs gauches calent et l’appareil perd de l’altitude. MacLean donne l’ordre d’évacuer l’avion et, celui-ci n’étant qu’à environ 400 m d’altitude, il est le dernier à sauter.
Il atterrit violemment sur son dos à une centaine de mètres de l’endroit du crash de son avion, dont les réservoirs d’oxygène explosent de même que des munitions. Son dos lui fait mal, il pense se l’être brisé en tombant, il est couvert de sang, surtout sur un bras et il a perdu une de ses bottes. Ses compagnons ne sont pas loin et ne parviendront à s’échapper que quelques heures avant d’être arrêtés : le mécanicien Sgt Shields, le navigateur F/Off Wernham RCAF, l’opérateur radio Sgt Kerr RCAF, le bombardier Sgt Forbes, les mitrailleurs F/Sgt Potter et F/Sgt Olsen RCAF. Le navigateur Wernham, trahi par un gamin hollandais le 9 juin 1942 de même que l’un de ses sergents co-équipiers, fera partie du groupe de prisonniers ayant participé à "la Grande Evasion" du Stalag Luft 3, Sagan, Pologne en mars 1944. Comme 49 autres, il sera exécuté par la Gestapo après cette tentative infructueuse.
MacLean se cache dans les environs pendant quelques jours et un soir, alors que deux jeunes filles d’environ 12 et 15 ans s’approchent du côté opposé de la haie où il se cachait, il se décide à les aborder. Il sait qu’il se trouve en Hollande et ne peut communiquer qu’avec le peu d’allemand qu’il connaît. L’une des filles le comprend et va chercher son grand-père qui lui fait rencontrer des voisins avant de lui dire de rester caché dans un verger, et qu’il reviendrait le voir avec des victuailles et des vêtements civils. La nuit se passe et ne voyant personne ariver, il décide dans la soirée de se remettre en route, suivant des canaux et cherchant la protection de haies. Après une nuit de repos dans un champ, il entre en contact avec un fermier qui lui donne un vieux costume, un chapeau cabossé, une vieille chemise et une paire de chaussures usagées. MacLean se change rapidement, boit un bol de soupe et observe le couple de fermiers alors qu’ils brûlent son uniforme, sa combinaison de vol et diverses autres choses lui appartenant, tout ce qui pourrait le démasquer.
Il peut alors se déplacer plus facilement et découvre grâce à sa carte qu’il se trouve isolé sur une île entre la Meuse et la Waal. Il arrive dans un petit village près de Hedel où un charpentier au travail dans une maison lui explique que 95% des hollandais sont anti-Nazis, mais que… Soudain apparaît la maîtresse de maison, relativement âgée et agressive, qui presse MacLean de questions, d’où il vient, où il va, etc. L’aviateur lui dit qu’il va à Zaltbommel avant de quitter rapidement les lieux. Il se rend compte qu’il a bien fait d’indiquer la direction opposée de la marche qu’il envisage, car de sa cachette il voit bientôt des patrouilles allemandes se diriger à toute vitesse vers Zaltbommel, manifestement à sa recherche.
Il parvient à passer un pont de bateaux enjambant la Meuse, évitant le contrôle des gardes allemands en "empruntant" la poussette d’une jeune maman et se faisant passer pour le père de l’enfant. Il poursuit sa route vers ‘s Hertogenbosch, en essayant d’éviter de traverser la ville. Il se rend compte que le fleuve fait une boucle et qu’il ne pourra éviter d’entrer dans la ville.
C’est à ce moment, au détour d’un virage de la route, à De Dieze/Rietvelden, au Sud de Hedel, qu’il aperçoit un bateau-maison amarré le long du fleuve. Il s’adresse à la maîtresse de maison en train de laver son linge. Elle le fait rentrer dans sa demeure flottante et c’est là, chez la famille PAGIE, qu’il restera caché pendant six semaines. Les Pagie ont un garçon de 15 ans et trois filles, âgées de 11, 18 et 21 ans. Une des trois filles, "Jane", prend contact avec un collègue de travail, Adrian Ferdinand van GOELST MEIJER (1892-1990), bourgmestre de Rossum (à 7km à l’Est de Zaltbommel) et ex-major de l’Armée hollandaise. Celui-ci décide de l’aider, fait vérifier son identité et, après quelque temps, signale aux PAGIE qu’ils devront amener MacLean un matin donné à la gare de Zaltbommel.
Un jour, "Jane" le prend sur son vélo pour le conduire à la gare, où il rencontre le père PAGIE en compagnie de van GOELST MEIJER, qui parle très bien l’anglais. L’homme lui donne un ticket pour Weert et lui indique de suivre à distance un prêtre qu’il lui montre. MacLean suit le prêtre, le Père Reinier David KLOEG, et, le 18 juillet, fait avec lui le long voyage jusqu’à Eindoven où ils prennent ensuite un train vers Weert en Belgique. [Le Père KLOEG, né en 1908, chef d’un groupe de Résistance à Rotterdam, sera arrêté dans cette ville le 28 avril 1943 et fusillé par les Nazis à Utrecht le 15 mars 1944. Une rue de Rotterdam porte son nom]
MacLean est ainsi le premier aviateur aidé par la ligne Kloeg-Beelen (Luctor et Emergo) aux Pays-Bas. Mathieu H.L. BEELEN, un militaire de carrière, l’attend à la gare de Weert avec deux vélos. L’aviateur explique qu’il ne sait pas rouler à vélo, puis BEELEN et le fils ainé de H. BERGMANS de Weert, le font passer en Belgique chez Fons BERGMANS à Bree via la ferme des SCHEEPERS à Molenbeersel.
Là, le père d’Albert PEETERS et J. MEISEN l'hébergent pendant une semaine, tandis que son dos et son bras guérissent lentement.
Deux ingénieurs des mines aux charbonnages de Eisden (Octave MONDO et SCHELLENBORG) le transmettent à Comète via une antenne du Limbourg. [SCHELLENBORG sera arrêté par la suite et mourra en camp de concentration, Octave MONDO sera fusillé en juillet 1943.] MONDO et Albert PEETERS accompagnent MacLean de Eisden à Bruxelles. Un peu plus tard, MONDO l’amène chez un autre ingénieur, son ami Mr NEVE. Dans la soirée, Mme NEVE téléphone à quelqu’un pour lui dire que "the kilo of peas has arrived" ("le kilo de pois est arrivé") et le lendemain, on annonce à MacLean la visite d’un homme qui se présentera à lui en l’absence de MONDO et de NEVE.
Les deux hommes quittent la maison et vers 14h00 arrive un homme bien habillé, environ 35 ans, parlant parfaitement l’anglais. Après plus d’une heure de questions pointues, de méfiance partagée, l’homme lui déclare finalement avoir tous ses apaisements et lui dit que son nom de code est NEMO. Il s’agit du Baron Jean GREINDL qui lui annonce alors que quelqu’un viendra le chercher le lendemain. C’est Peggy VAN LIER (fiche B029) qui se présente et le guide vers une autre cachette.
Théodore NYSSEN de Rothem, le passe au Dr GOETHALS au 34 Rue de la Vallée à Ixelles avec le Sgt Harry Levy (fiche C151), qui sera arrêté.
Chez les deux BETTY (LIEGEOIS et WARNON), il rencontre Silva (fiche A037) et Whicher (fiche A038), et ils reçoivent la visite de membres de l'organisation - dont Albert de Ligne (fiche B023) - qui leur apportent vêtements, faux papiers et les briefent sur le voyage. Les papiers de MacLean indiquent qu’il est ouvrier de ferme ne parlant que le flamand. Le 5 août, les deux Elizabeth les conduisent à la gare et achètent des tickets pour Lille.
Deux hommes, "Charles" (fiche B028) et Eric de MENTEN de HORNE, les y guident. Ils mangent à Lille et y prennent des tickets pour Amiens, où les guides craignent un contrôle. Ils achètent les tickets complémentaires en route et rejoignent Paris où, dans un quartier résidentiel, on les présente à "Kiki" (Frédéric DE JONGH). Whicher y reste loger, tandis que Silva et McLean vont chez les COACHE (fiche B033) à Asnières. Après une semaine, ils se retrouvent tous trois chez les DE JONGH à la villa de Saint-Maur jusqu'au 15 août. Pendant leur séjour, ils rencontrent un néerlandais, BEHAR, évadé des Pays-Bas. Son père avait été consul à Amsterdam et sa mère vivait à Northwood, dans le Middlessex. Il leur demanda d'informer sa mère qu'il était sain et sauf. La jambe de Whicher est soignée par "Elvire" (Elvire MORELLE), qui avait été infirmière, et ils reçoivent des papiers français. Ils oublient de mentionner qu'ils y rencontrent Orndoff (fiche A044) et Pearce (fiche A042), ce dernier, de la même escadrille que MacLean, ainsi que la fille de "Kiki", Andrée DE JONGH, le jour de leur départ pour l'Espagne.
Le 15 août, ils rencontrent Goldie (fiche A040) à la villa du Val-de-Marne, ainsi que le neveu de Dédée, un Anglais appelé Fred WHITTICK (Jean Frédéric WITTEK, fiche B022, qui a la nationalité autrichienne de son père).
Ils voyagent en compartiment réservé jusque Bayonne, où deux femmes les rejoignent jusque Saint-Jean-de-Luz qu’ils atteignent le matin vers 08h30. Ils y passent la nuit dans le flat d'un Basque (Ambrosio SAN VICENTE) et vont le lendemain après-midi (le 17) dans une ferme (Celle de Frantxa Usandizaga à Urrugne).
Florentino les guide dans les les Pyrénées durant la nuit. Florentino les guide, suivi de Dédée à l’avant, elle-même suivie de Whicher, blessé à la jambe, puis de Silva, Wittek, MacLean et Goldie. Ce dernier, vers 4h du matin, épuisé, doit être soutenu par MacLean tandis que Whicher est porté sur ses épaules par Florentino, et tous marchent jusqu’à 06h00. En Espagne, ils restent à la ferme tandis que "Dédée" et Frédéric Wittek vont à San Sebastian. Ils reviennent en voiture et les y emmènent. Ils dorment chez un Basque (Federico ARMENDARIZ) et partent le lendemain pour Madrid où MacLean passe huit jours à l’Ambassade de Grande-Bretagne.
Le 23 août, ils quittent Madrid en train pour Gibraltar. Ils embarquent pour la Grande-Bretagne le 29 août et MacLean débarque à Gourock le 8 septembre avant d’être conduit à Glasgow puis à Londres.
Il deviendra Ministre de la Pêche au Canada de 1957 à 1963 et premier ministre de l'Ile-du-Prince-Édouard de 1979 à 1981.
Voici la citation liée à l'octroi de la Distinguished Flying Cross (DFC) dans la London Gazette (Issue 35747 published on the 13 October 1942) : Flight Lieutenant John Angus MACLEAN (Can./C.1107), Royal Canadian Air Force, No. 405 (R.C.A.F.) Squadron. One night in September, Flight Lieutenant MacLean was captain of an aircraft engaged in an attack on a target in the Ruhr. During the bombing run heavy anti-aircraft fire was encountered. The aircraft sustained damage; the aileron became jammed and when another shell burst immediately below the port wing the aircraft turned on its back and went into an inverted spiral dive. Flight Lieutenant MacLean recovered control of the aircraft and released his bombs on the target. On the return flight the aircraft was attacked from below by an enemy fighter. Further damage was sustained. Shortly afterwards both the port engines failed as the fuel system had been shot away. Despite great efforts on the part of Flight Lieutenant MacLean the bomber eventually became completely uncontrollable and both he and his crew were compelled to leave it by parachute. Throughout this hazardous operation this officer displayed great gallantry, fortitude and devotion to duty.

mot de remerciement


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