Aviateurs alliés capturés de Comète


N° 102
Section C
IndividuNom/Matricule : Eldon J. BROMAN / O-665661
Naissance/Décès : en 1923 dans le Wisconsin
Adresse : White Water, Walworth County, Wisconsin, USA
Unité : USAAF 95 Bomber Group 335 Bomber Squadron
Grade : 1 Lt
Fonction : pilote
Zone d'atterrissage : Pays-Bas
Eldon Broman
AvionType : Boeing B-17F-BO Flying Fortress
N° série : 42-30272
Immatriculation/Nom : OE-U / "Fritz Blitz"
Abattu : lors de la mission du 10 octobre 1943 sur Münster
Localisation : écrasé à Haaksbergen, au Sud-Est d'Enschede, Pays-Bas
B17G Forteresse volante
Action de ComèteRéception : EVA
Interrogatoire : EVA
Hébergeurs : LOVEN, VAN DE VIN, HENDRIKX
Guides nationaux : KOOLEN, HILVEN, ERKENS
Guide international : FLORQUIN
Durée :
Arrêté : A Liège
Informations complémentaires : Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 1118.
Sans interphone et avec le feu dans le cockpit, Broman saute avec son copilote, le Lt John H. Chaffin. Il atterrit dans un arbre d'où il peut descendre sans trop de difficultés. Il entend des tirs de mitraillette au loin et comme son parachute resté coincé dans l'arbre est trop voyant, il décide de quitter immédiatement les lieux.
Après une longue course à travers bois, il se réfugie dans un vieux trou de fantassin pour se reposer. Après y avoir enterré son survêtement et ses bottes de vol et avalé de la benzédrine, il se remet en route vers l'Ouest, se dirigeant à l'aide de sa boussole. Toujours dans les bois, il traverse plusieurs clôtures longeant apparemment la frontière germano-hollandaise jusqu'à ce qu'il arrive à une grand-route fort fréquentée. Le lettrage de camions qui passent lui font déduire qu'il se trouve à présent en Hollande. Il traverse la route lors d'une accalmie du trafic et emprunte vers l'Ouest une route secondaire flanquée d'une piste cyclable. La soirée tombant, il décide de s'adresser à une femme trayant une vache dans la cour d'une ferme. La femme s'enfuit en hurlant et son mari apparaît en courant. Il finit par se faire comprendre et les fermiers lui donnent un verre de lait et un miroir. Il comprend l'émoi de la femme lorsqu'il voit son visage horriblement gonflé et le front noirci par les brûlures. Comprenant qu'il ne pouvait se déplacer ainsi, il demande d'être mis en rapport avec la résistance.
Le fermier s'en va et une demi-heure plus tard, un jeune homme arrive à vélo, apportant un autre vélo pour Broman. Celui-ci remercie ses hôtes et s'excuse auprès de la fermière pour la frayeur causée et les deux hommes pédalent jusqu'à la petite cabane/abri du jeune homme dans une autre partie de la forêt. En fait, ce jeune homme est Patrick LAMING (fiche A247) et il reste sous la protection de ce helper pendant environ trois semaines, le temps que ses brûlures guérissent et que ses cils et sourcils repoussent.
Il reçoit des faux papiers avec sa nouvelle identité "Jean SEPRINEE" et, à la fin octobre, Laming le met sur un train vers le Sud de la Hollande.
Il poursuit alors sa route à pied, parfois en rampant, ou à vélo, en tram, en train, une fois dans une Pontiac et dans une barque. Il finit par traverser la frontière vers la Belgique pour se rendre à Liège. Il va à Roermond chez la famille LOVEN, où il reste du 30 octobre au 05 novembre 43. Y sont aussi : Whitlow (fiche A233), Ashcraft (fiche A235) et le Sgt Repp (fiche C101). Ils quittent tous Roermond pour Neeritter où ils rencontrent le Résistant Reinier VAN DE VIN qui les cache jusqu'à minuit le 6 novembre lorsque Theodor FLORQUIN vient chercher les quatre aviateurs. Il les guide jusqu'à sa maison à Geistingen, juste passé la frontière belge. De là, Peter KOOLEN, un policier, guide les quatre hommes chez Jean HILVEN pour que celui-ci les mène chez Gertrude HENDRIKX à Maaseik. Broman reste caché là jusqu'au 23 novembre pour être ensuite guidé jusqu'à Liège par Léopold et Anna ERKENS.
A la fin novembre, ils se trouvent à Liège où ils sont menés un jour en fin d'après-midi au 1er (2e?) étage d'un immeuble à appartements où ils rencontrent deux sergents de l'US Air Force qui y étaient arrivés peu de temps auparavant. Leur guide, un résistant, assez petit et mince, parlait français, anglais et ce que Repp pense être du néerlandais. Les aviateurs explorent les lieux et constatent, pas à leur aise, que la seule issue en cas de besoin est l'escalier par lequel ils ont eu accès à l'appartement. Ils s'installent au salon, leur guide va dans la cuisine préparer de quoi manger, l'un des sergents se rend aux toilettes au rez-de-chaussée. Soudain, le guide se rue sur le palier, crie un avertissement, sort un pistolet automatique et tire cinq ou six coups en direction de SS allemands montant l'escalier. Les SS ripostent en tirant, sans toucher personne, alors qu'ils redescendent les escaliers, tandis que le guide saute par la fenêtre de la cuisine, atterrit sur le toit d'une remise et s'échappe en courant.
Le bâtiment avait été manifestement surveillé et les allemands avaient vu entrer le guide belge et les quatre hommes. N'en voyant que trois à l'étage, ils cherchent le quatrième qu'ils retrouvent en bas. Les quatre aviateurs, craignant pour leur vie car ils sont habillés en civil, sont alignés contre le mur du salon et voient revenir le guide peu après, le visage gonflé et tuméfié. Ils pensent que c'est davantage dû à la brutalité des SS qu'à une éventuelle chute.
Les trois sous-officiers sont amenés à la Prison de Saint-Gilles à Bruxelles, où ils sont placés dans une même cellule exigüe. Broman passe d'abord par une base aérienne de la Luftwaffe dans la région, où on le met au secret dans une cellule. Comme ses geôliers n'ont pas découvert la lime de son kit d'évasion lors de sa fouille, il s'attaque aux barreaux de sa cellule. Il n'a pas beaucoup avancé dans ce travail lorsqu'on vient le chercher pour le transférer vers la prison de Saint Gilles à Bruxelles.
Broman est mis, à nouveau au secret, dans la cellule voisine de celle de Repp. Ils sont questionnés quasi quotidiennement quant à l'identité de leurs helpers. Comme les autres, Repp se contente de décliner nom, grade, n° de matricule. Peu de temps avant Noël, Broman exige via un gardien un entretien avec le commandant allemand de la prison pour se plaindre du traitement infligé par les hommes de la Gestapo, que détestaient même les soldats de la Wehrmacht qui apportaient la nourriture aux détenus. Un matin, il répète sa demande à un des gardes et il finit par voir le chef de la prison, un colonel de la Wehrmacht, qui le reçoit en compagnie d'un interprète. Broman invoque l'approche des fêtes de Noël, joue la corde sensible, déclare que lui et ses trois compagnons sont des aviateurs, pas des espions et qu'il serait bien qu'ils puissent passer les fêtes en compagnie d'autres aviateurs dans un camp de prisonniers, plutôt que de continuer à pourrir dans cette prison infâme. Il ajoute que leur conscience ne les ferait jamais donner les noms de leurs helpers, même s'ils les connaissaient et conclut en flattant l'officier dont il se dit certain qu'il a l'autorité pour les transférer.
Le colonel ne réagit pas et Broman est reconduit dans sa cellule. Dans l'après-midi, il est conduit dans la cellule de Repp et des deux autres et un jour ou deux plus tard, Broman et les trois sergents sont conduits en train vers le centre d'interrogation de la Luftwaffe, Dulag Luft, à Oberursel près de Francfort. Comme des bombardements de la RAF avaient touché Francfort dans la nuit du 20 au 21 décembre et que beaucoup d'appareils avaient été abattus, le flux de nouveaux prisonniers fait que par manque de place, nos quatre aviateurs sont dirigés à pied vers un autre camp que celui qui leur était destiné, toujours dans la région de Francfort.
En cours de route, Broman aide un aviateur canadien, fortement blessé à un pied et à une cheville, à continuer à avancer. Des civils allemands jettent des briques sur le groupe, mais ne visent pas Broman et le canadien. Les gardes allemands n'empêchent pas les jets de pierres, mais interdisent de frapper les prisonniers. Arrivés au camp, ils peuvent se savonner sous une douche chaude, on leur donne des uniformes propres venant des Croix Rouge canadienne et américaine, via la Croix Rouge Internationale.
Après avoir passé la Noël à quatre dans ce camp, les trois sergents sont transférés au Stalag XVIIB près de Krems, en Autriche. Broman, lui, est transféré en train vers le Stalag Luft 1 à Barth où il reste jusqu'à la libération du camp par les troupes russes du Maréchal Rokasovky en début mai 1945. Il rejoint alors brièvement son unité à Horham avant d'être rapatrié aux Etats-Unis sur un navire-hopital.
Il est retraité de l'US Air Force comme Lieutenant-Colonel.

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