Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 154
Section A
IndividuNom/Matricule : Clifford Elbert COLE / O-023834
Naissance/Décès : le 30 septembre 1915 en Illinois / le 27 octobre 2001 à Nashville, Tennessee
Adresse : Athens, Effingham, Illinois, USA
Unité : 95 Bomber Group 335 Bomber Squadron
Grade : major
Fonction : copilote
Zone d'atterrissage :
Cole sur ses faux papiers Comète en 1943
AvionType : Boeing B-17F-BO Flying Fortress (Forteresse Volante)
N° série : 42-30194
Immatriculation/Nom : OE-O / "We Ain't Scared"
Abattu : touché par la Flak puis attaqué par des chasseurs allemands le 12 août 1943 lors d’une mission sur des installations ferroviaires à BONN
Localisation : écrasé près de Kattenbos, au Sud de Lommel, province d’Anvers
Forteresse Volante B-17
Action de ComèteRéception :
Interrogatoire :
Hébergeurs : CAMUSEL, TOUQUET, MENDIARA
Guides nationaux : DUMONT, PHAL
Guide international : HANOTTE, NOTHOMB et ROGER
Durée : deux mois et demi
Passage des Pyrénées : le 08 octobre 1943
Informations complémentaires : Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 253.
L’appareil est en pointe pour guider et diriger la mission et il est touché par la Flak à l’approche de l’objectif. Un moteur est mis hors d’usage, une hélice ne peut être mise en drapeau et tourne fou, le tout freinant considérablement l’appareil. Le major Cole abandonne son rôle de chef de groupe au pilote d’un autre avion et le 42-30194 quitte la formation pour rentrer en Angleterre. Une nuée de chasseurs allemands passe bientôt à l’attaque et endommage sérieusement l’avion. A 6700 m, le pilote, le Capitaine Clifford B. Hamilton, donne l’ordre d’évacuer. Hamilton et quatre autres aviateurs périront, deux seront fait prisonniers, trois parviendront à s’échapper. Deux parmi ceux-ci seront ultérieurement fait prisonniers : le bombardier 1st Lt Virgil W. Jones et le mitrailleur dorsal T/Sgt John L. Anderson [Arretés dans la fausse ligne Jackson].
La majeure partie du texte ci-dessous est un résumé traduit du récit du Major Cole (« Escape and Evasion ») repris dans le livre « B-17s over Berlin » édité par Ian L. Hawkins.
Vers 11h00, après avoir vu son avion exploser en vol et s’écraser à proximité, Cole atterrit en parachute dans une clairière entourée de sapins. Caché dans des broussailles, il entend du bruit et voit deux hommes à une vingtaine de mètres, faisant des appels, auxquels il ne répond pas. Après leur départ, Cole reste dans sa cachette jusqu’à l’obscurité. La nuit venue, aidé de sa boussole, il part vers l’ouest, d’abord en direction de la côte. Il marche ainsi durant trois nuits, se cachant dans des haies pendant le jour. Au matin du quatrième jour (= le 17 août), il est réveillé par un martèlement à proximité. C’était un homme, accompagné d’un chien, qui réparait une clôture à une centaine de mètres. Le chien s’approche de sa cachette en aboyant si fortement que l’homme, qui se révéla être en fait un adolescent, le rejoint. Cole se lève en lui disant bonjour, expliquant dans son français hésitant qu’il est un aviateur américain et qu’il a faim et soif.
Soudain, le jeune homme lui fait signe de se taire et de se coucher à terre à l’abri des regards. Après 2 ou 3 minutes, le chien s’étant calmé, un autre homme arrive, s’entretient brièvement avec le garçon avant de disparaître. Le garçon fait comprendre à Cole que, bien que l’autre homme soit connu comme étant un « collabo », tout est OK.
L’aviateur apprend alors qu’il se trouve à environ 20km au Sud-Ouest de Bruxelles. Le jeune homme l’aide à s’installer dans une autre cachette, avant de le diriger vers un groupe de maisons à proximité. Peu après, une femme arrive lui apportant du café, du pain et deux pommes. Puis, trois autres femmes prennent son relais durant le reste de la journée, assurant le ravitaillement de l’aviateur. Passe la dernière femme du groupe, qui parle assez bien l’anglais et lui dit qu’un homme viendrait le chercher à vélo le même soir. L’homme arrive avec un tandem et remet des vêtements civils et des sabots à Cole, qui accompagne son guide jusqu’à la maison de ce dernier, où il loge au grenier. Le lendemain matin, un membre de la résistance vient le chercher pour le conduire en train à Bruxelles.
Là, il est pris en charge par "Michou" DUMONT. Il passe quelques jours par le centre de rassemblement chez Hélène CAMUSEL au 160 Rue Marie-Christine à Laeken. Il raconte qu’il reste caché un certain temps à Bruxelles, d’abord près de l’Avenue Louise, dans un bâtiment adjacent à des bureaux occupés par un Etat-Major allemand (453, Av. Louise ?). Ses logeurs là étaient un employé de la Régie des Télégraphes et Téléphones et sa femme nettoyeuse dans les bureaux voisins, tout deux membres actifs de la résistance. L’homme profitait de ses compétences et de l’accès aux lignes téléphoniques pour écouter les conversations de l’ennemi et transmettre des informations à destination de Londres concernant les mouvements de troupes allemands, en région bruxelloise notamment.
Un projet de faire enlever Cole par un avion est abandonné après quelques semaines durant lesquelles il change souvent de cachette dans la capitale. Dans l’une d’elles, il rencontre un jour un banquier juif, en fuite des Nazis, avec lequel il a l’occasion de sortir, avec repas dans des restaurants sûrs et assistance à des matches de football… Hélène CAMUSEL dit qu'il part le 30 septembre.
Cole dit qu’après deux voyages en train, il atteint Paris, "guidé dans le 2ème train par une infirmière en uniforme blanc qui, en touchant discrètement la visière de son couvre-chef, lui indique secrètement quatre autres évadés". Nous savons en tout cas que Cole est passé en France et jusqu'à Paris  par Henriette HANOTTE (fiche B075) .
Cole relate qu’à Paris, un autre guide s’étant assuré que son « colis » n’était pas un faux aviateur, l’a mené à un appartement occupé par un couple actif dans une ligne d’évasion. L’homme travaillait dans une usine automobile fournissant des camions à l’armée allemande et dans laquelle des ouvriers n’oubliaient pas de saboter des pièces à l’occasion… Il est ainsi logé du 30 septembre au 04 octobre chez Raoul TOUQUET et Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux, qui travaille effectivement à la SOGA au 21 Boulevard Pershing Paris XVIe, et est agent de Fernande ONIMUS-PHAL.
Un jour, un autre agent vient lui apprendre qu’il quitterait Paris dans la soirée pour un voyage vers le Sud avec d’autres évadés. Après un long voyage en bus ils arrivent dans un petit village au pied des Pyrénées. Après un repas dans une ferme, un guide basque apparaît, qui leur apprend qu’ils passeraient des montagnes pour atteindre l’Espagne. Il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
Le groupe de Cole, avec Cowherd (fiche A156) et Claytor (fiche A155) passe la Bidassoa avec "Franco" (Jean-François NOTHOMB) et "Max" (Marcel ROGER) au 61e passage de Comète. Cole, Bennett (fiche A151), Hooker (fiche A149), Aquino (fiche A150) et Walters (fiche A152) arrivent saufs à San Sebastian.
Cole raconte qu’à San Sebastian, on le(s) mena à ce qui lui parut être un vignoble où après un copieux repas il dort sur la paille d’une grange voisine. Il indique que cette même nuit, une auto de l’Ambassade de Grande-Bretagne vient le chercher pour le conduire à l’Ambassade des Etats-Unis à Madrid, où on lui signale que l’on ne peut rien faire pour lui. C’est alors l’Ambassade de Grande-Bretagne qui l’héberge et lui procure de nouveaux vêtements et papiers d’identité. Après quelques jours passés à Madrid, un guide de l’Ambassade accompagne Cole et d’autres évadés en train jusqu’à Gibraltar.
On le signale rentré au Royaume-Uni le 18 octobre 1943, mais dans son récit, Cole mentionne qu’un avion de la RAF le transporte d’Espagne à Londres le 7 décembre 1943. Quoiqu’il en soit, peu avant la Noël, il se retrouve chez lui à Effingham où l’attendent sa femme Louise et ses deux filles, la cadette étant née le lendemain du jour où son avion avait été abattu.

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